La voix des femmes afghanes
- Noëlyne Cuvelier, Anouk Durda, Mina Le Guilcher & Martin Evrard
- 4 avr.
- 3 min de lecture

Le 15 août 2021, les Talibans entrent dans la capitale afghane, Kaboul, pour reprendre le pouvoir après 20 ans d’absence. Suite à cet événement, les droits des femmes sont considérablement touchés. Le pouvoir s’attaque à leurs droits fondamentaux, les excluant de la vie politique, économique et intellectuelle.
L’invisibilité des femmes en Afghanistan
Dès septembre 2021, le ministère des Affaires féminines est supprimé, remplacé par le ministère pour la Promotion de la vertu et la répression du vice. Les femmes disparaissent du parlement, où la veille encore, elles étaient 28% à siéger.
Privées de toute forme de pratiques politiques, les femmes voient leurs droits disparaître et sont désormais oubliées de la société, mises de côté.
Quelques semaines plus tard, les autorités interdisent les séries télévisées avec des actrices et imposent le hijab aux présentatrices. L’année 2022 ne sera qu’une succession de coups durs pour les Afghanes qui voient leur horizon se rétrécir comme peau de chagrin et leurs chances d’autonomie réduites à néant. Suite à l’interdiction faite aux filles d’aller à l’école au-delà du primaire, 80% des Afghanes en âge d’être scolarisées, ne le sont plus. Les femmes ont interdiction d’exercer leur profession et sont donc privées de tout emploi à part celui de ménagère dans leur foyer.
Il leur est désormais interdit d’apparaître dans des lieux publics (parc, salle de sport, bains publics…), de communiquer avec les autres et même entre elles, de soigner une personne du sexe opposé…
Les Afghanes sont entravées par la peur, l’insécurité, les restrictions à leur mobilité, les déficiences et pénuries de personnel médical, la difficile accessibilité des soins, y compris en matière de santé mentale, reproductive, néonatale et infantile.
Histoires de courage : témoignages de femmes afghanes
Les femmes afghanes luttent quotidiennement pour retrouver leurs droits face à ce régime qui les oppresse de toutes les manières possibles. La plupart des femmes afghanes n’ont pas le droit à la parole, pas même pour dénoncer ce qu’elles subissent. C’est pour cela qu’il y a peu de témoignages et que la plupart sont anonymes. Une femme sous couvert d’anonymat raconte : « Un taliban peut frapper à ta porte la nuit, entrer, te violer, t’emmener et t’épouser de force ». Un autre témoignage poignant d’une femme, ancienne haute fonctionnaire à Kaboul relate les épreuves qu’elle endure : « Je reste enfermée chez moi toute la journée. Je ne peux plus sortir seule, je dois être accompagnée par un homme de ma famille. Nous n’avons plus de liberté, plus d’éducation, nous ne sommes plus rien » (source).
Des héroïnes du quotidien
Les femmes afghanes font face à des défis immenses et la plupart d’entre elles se battent courageusement pour leurs droits et ceux de leur communauté. Voici quelques héroïnes qui ont marqué l’histoire récente :
Malalai Joya : femme politique et militante des droits humains, connue pour son opposition aux seigneurs de guerre (chefs de milice locales) et aux Talibans. Elue députée en 2005, elle a été expulsée du parlement en 2007 pour avoir dénoncé la corruption et le patriarcat. Malgré les menaces, elle continue de défendre les droits des femmes afghanes, dans la clandestinité.

Fawzia Koofi est l’ancienne vice-présidente du parlement afghan et militante pour les droits des femmes. Elle joue un rôle clé dans les négociations avec les Talibans. Elle continue de défendre l’éducation des filles et l’autonomie des femmes, malgré les tentatives d’assassinat perpétrées contre elle. La docteure Sima Amar a marqué l’Afghanistan en fondant la commission afghane indépendante des droits de l’homme et en développant des programmes médicaux pour les populations les plus vulnérables.
Dans le journalisme, Anisa Shaheed s’est distinguée par son travail d’investigation, couvrant des sujets sensibles comme la corruption et les crises humanitaires, contribuant à informer la population et à renforcer la transparence politique.
Dans le sport, Kimia Yousofi, sprinteuse afghane, a représenté son pays aux Jeux Olympiques, offrant un modèle d’inspiration pour la jeunesse.
Toutes ces femmes, connues ou anonymes, à travers leur engagement dans la santé, les médias, la politique ou le sport, contribuent à faire avancer l’Afghanistan malgré la peur et le pouvoir patriarcal plus puissant que jamais. Elles incarnent la résilience et l’espoir d’un avenir meilleur pour les femmes de leur pays.