Concours Miss France : sexiste ou pas sexiste ?
Bonjour tout le monde ! Le samedi 16 décembre, à Dijon, s’est déroulé le concours Miss France. Il met en avant la beauté des femmes, certes, mais n’est-il pas sexiste au final ?
PS : Cet article n’est pas réservé aux filles ! Les garçons, vous êtes invités à le lire aussi !
Les débuts…
Agnès Souret, la première Miss France
Ce concours démarre officiellement en 1920. Cette élection est immédiatement un énorme succès : près de 1 700 jeunes filles ont candidaté. La première Miss France est Agnès Souret : elle n’avait que 17 ans et mesurait 1,68m. À l’époque, le qualificatif de « Miss France » n’est pas encore employé, on parle alors de « Plus belle femme de France ». Ce terme n’apparaîtra qu’en 1927. L’élection en elle-même n’est diffusée à la télévision qu’à partir de 1987.
Première élection de Miss France à la télé
Les critères de sélection
Depuis les premières Miss, les critères de sélection ont beaucoup évolué : dans les années 20, il n’y avait pas vraiment de règles. Dans les années 80, ces critères étaient très stricts : être célibataire, ne pas avoir d’enfant(s), mesurer au minimum 1,70m et avoir entre 18 et 25 ans. De nos jours, la sélection est beaucoup plus large : plus d’âge limite, le droit d’être mariée et mère de famille, celui d’être tatouée et désormais même les femmes trans peuvent concourir ! Seule reste la limite de taille, toujours à 1,70m, notamment pour la longueur des robes. Les Miss France sont élues à 50% par le public et à l’autre moitié par le jury. 15 candidates sont déjà sélectionnées quelques jours avant le soir de l’élection. Le choix se base principalement sur les valeurs de la Miss, son aisance à l’oral, son potentiel engagement pour des œuvres caritatives… mais aussi sur un test de culture générale.
Miss France 2024
Ève Gilles, Miss France 2024
On ne peut pas parler des Miss, sans parler de notre Miss régionale élue Miss France 2024 ! Ève Gilles est la quatrième Miss Nord-Pas-de-Calais devenue Miss France depuis Camille Cerf en 2015. Elle a 20 ans. Après une première année d’études de médecine, elle décide d’arrêter et se trouve un travail dans une usine. Elle reprend ensuite ses études à l’université de Lille, en licence MIASHS (Mathématiques et Informatique Appliquées aux Sciences Humaines et Sociales), dans le but de devenir statisticienne. Après son élection, elle subit beaucoup de body shaming (harcèlement portant sur le physique de la victime) sur les réseaux sociaux. Des internautes lui reprochent entre autres ses cheveux courts (c’est d’ailleurs une première pour une Miss France !), et ses « formes » jugées inexistantes…
Les candidates du concours 2024
Critique
Alors Miss France est-il un concours sexiste ? Le défilé en maillot de bain, parfois devant un jury exclusivement masculin, n’est-il pas une façon de sexualiser le corps de la femme ? On se souvient de la petite exclamation de Jean-Pierre Foucault, présentateur du programme, lors du concours de Miss en 2022, à l’annonce de ce défilé : « Ah, enfin ! ».
Dans ce concours, les femmes sont classées selon leur physique, avec, souvent, des normes rétrogrades, comme la minceur, ou les cheveux longs ! Mais les femmes ne sont-elles pas toutes belles à leur manière ? La beauté n’est-elle pas quelque chose d’unique ?
Pour revenir sur les anciens critères : y a-t-il une limite d’âge à la beauté ? Pourquoi une femme engagée dans une relation amoureuse, ou mère de famille, serait-elle moins belle qu’une autre femme ? Et les femmes de moins d’1,70m ne sont-elles pas belles aussi ?
Selon moi, oui, ce concours est sexiste, car il se base presque uniquement sur le physique, avec, en plus, des normes de beauté depuis longtemps dépassées et inatteignables pour la plupart des gens. La beauté intérieure y est largement sous-estimée. En effet, le test de culture générale passé par les Miss n’est pas vraiment déterminant lors de la note finale. De nombreuses candidates subissent ensuite du body shaming, qui peut avoir de graves conséquences sur la santé mentale.
Mais d’année en année, avec l’évolution des critères, il permet aussi dans une certaine mesure de mettre en avant la diversité physique chez les femmes.
Cependant, il peut aussi créer des complexes chez les enfants et adolescentes : il est parfois compliqué de gérer les changements physiques liés à la puberté, et ça l’est encore plus lorsqu’elles se comparent à des standards de beauté : cela leur donne une fausse image de leur corps. Depuis la création de Barbie, les choses n’ont pas vraiment changé, Mattel (la société de production de cette poupée) a même véhiculé dans les années 60 des incitations à maigrir !
Cela peut même provoquer des troubles mentaux, comme l’anorexie mentale, la dysmorphophobie et le mal-être.
La dysmorphophobie est un trouble mental caractérisé par une idée obsessive que son corps est rempli de défauts
En 2016, l’association Osez le féminisme déplore un événement « ringard en cela qu’il considère encore les femmes comme des potiches, qui ne doivent surtout pas déborder du cadre défini. Toutes les jeunes femmes qui s’apprêtent à concourir devant les caméras valent beaucoup mieux que l’écharpe et le diadème. Les femmes n’ont pas à se plier à un concours de beauté pour définir leur valeur. Elles seules la définissent ». La porte-parole de cette association définit le concours comme « une machine à complexes ».
En 2021, cette même association porta plainte devant le conseil de prud’hommes, estimant que la relation liant les Miss au concours et à l’organisateur est celle de salariés et de leur patron.
Conclusion
Malgré un grand nombre de points négatifs, le concours a pourtant un avantage : mettre en avant des parcours très diversifiés et inspirants ; comme par exemple ceux de femmes qui se sont lancées dans la science, domaine « masculin ».
Il reste néanmoins très sexiste, voire « archaïque ».
L’élection de Miss America est quant à elle plus en avance : après la suppression du défilé en maillot de bain en 2018, les candidates sont maintenant essentiellement jugées sur les talents qu’elles possèdent (danse, musique). Elles doivent également répondre à des questions plus graves que celles proposées lors de Miss France : par exemple le suicide des adolescents ou le port d’armes.
Il existe aussi des concours de beauté masculins, comme Mister France, mais ceux-ci sont bizarrement beaucoup moins médiatisés… Cela montre bien que le corps de la femme est beaucoup plus idéalisé et sexualisé que celui des hommes
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