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Sophie Ratajszczak

Barbie : le film


Bonjour tout le monde, bienvenue dans mon premier article ! Je vais vous présenter le film BARBIE, réalisé par Greta Gerwig et sorti en salle cet été. Si vous ne l’avez pas encore vu, petit conseil : n’hésitez pas ! Que vous ayez gardé vos yeux d’enfants ou que vous soyez un.e fervent.e féministe, ce film est fait pour vous !

 
« Les humains n’ont qu’une fin, les idées, elles, sont éternelles. »


Un peu d’histoire…

Barbie est avant tout une poupée célèbre dans le monde entier. Créée par Ruth et Elliot Handler en 1959, qui s’inspirèrent du prénom de leur fille Barbara. Elle rencontra immédiatement un énorme succès auprès des petites filles et de leurs parents. Depuis son emblématique maillot de bain une pièce rayé noir et blanc, jusqu’à la Barbie portant une robe rose à motifs Vichy sortie tout droit du film, sa marque créatrice, Mattel, a su se réinventer et s’adapter aux changements de la société.

L’entreprise a en effet étoffé sa gamme en y amenant beaucoup de diversité. De nos jours, on trouve des Barbie handicapées, d’autres atteintes de Vitiligo, des Barbie « Curvy » (« arrondies »), ayant une morphologie plus en accord avec la réalité, des Barbie de diverses couleurs de peau, et même d’autres non genrées.


« Tu es censée aimer être mère, mais ne pas parler de tes enfants tout le temps. »

Le film

Sorti en France le 19 juillet 2023, ce film américano-britannique fait un véritable carton dans les salles obscures : ce n’est autre que le film de l’été !

Réalisé par Greta Gerwig, il a un casting de rêve : Margot Robbie dans le rôle de Barbie Stéréotypée, et Ryan Gosling dans celui de Ken Plage. Outre les acteurs, la B.O. du film, Dance The Night, de Dua Lipa, a aussi largement contribué à la popularité de ce dernier. Moins d’un mois après sa sortie, il a atteint plus d’un milliard de dollars de recette au box-office mondial : c’est d’ailleurs un record pour une réalisatrice !

Les retombées économiques ont également été importantes pour Mattel, qui a enregistré une hausse de 20 % de ses ventes en France.

Dance The Night de Dua Lipa, titre issu de la BO du film Barbie.


« C’est littéralement impossible d’être une femme. »

Synopsis

L’action se divise entre deux lieux : le monde des humains, et Barbieland, un monde « parallèle » au nôtre, parfait, avec une société matriarcale (où les femmes dirigent). Ken (Ryan Gosling) cherche à se rapprocher de Barbie, mais celle-ci ne le remarque pas, ce qui va, par la suite, jouer un rôle central dans l’intrigue…

Un beau jour, Barbie commence à penser à la mort et remarque des changements sur son corps. Les autres Barbie vont alors l’orienter vers Barbie Bizarre, poupée marginale en raison de ses différences et également spécialiste des bizarreries en tout genre. Celle-ci lui conseille donc d’aller dans le monde des humains afin de guérir, en cherchant la petite fille à laquelle elle appartient.

Va-t-elle réussir sa mission ? Reprendra-t-elle sa vie normale ? De péripéties en péripéties, elle va découvrir la face cachée de notre monde…


Et le féminisme dans tout ça ?!?

Rappelons que le féminisme est à l’origine un terme péjoratif créé par Alexandre Dumas fils en 1872 dans un pamphlet (dans notre cas, une œuvre qui attaque et accuse une idée) anti-féministe. De nos jours, il a changé de sens, et désigne un ensemble d’idées politiques, sociales et culturelles et de mouvements qui plébiscitent principalement l’égalité hommes-femmes.

Le féminisme est très présent dans le film. Tout d’abord grâce aux nombreux postes que les Barbie détiennent à Barbieland. L’une d’elles est présidente, l’autre médecin… Ce qui évoque un célèbre slogan de Mattel, « Barbie can be everything ! », délivre donc un beau message de liberté à toutes les femmes, et aide les filles à se projeter, sans limites imposées par le patriarcat.

Barbie est également féministe, car il est validé par le test de Bechdel, qui détermine si les femmes sont sous-représentées (et donc les hommes sur-représentés) dans les œuvres de fiction.

Représentation du test Bechdel qui vise à mettre en évidence la sur-représentation des protagonistes masculins ou la sous-représentation de personnages féminins dans une œuvre de fiction.


Comme Barbieland est une société matriarcale, cela crée un effet miroir avec notre société patriarcale, en mettant en lumière les défauts de celle-ci : à Barbieland, Ken ne se sent pas épanoui, et les femmes dans notre société non plus. C’est donc une incitation au changement.

Lors de son arrivée dans le monde des humains, Barbie expérimente également les violences sexistes et sexuelles (VSS), ce qui nous fait prendre conscience de l’horreur des situations subies fréquemment par les filles/femmes !


Mais ce film a également des points négatifs. Notamment quand Ruth Handler, créatrice de Barbie, lui présente la vie de femme de manière tout à fait stéréotypée : employée modèle, mariée et mère de plusieurs enfants, il est inadmissible que cette vision de la femme soit encore présente de nos jours !


« Tu es censée rester jolie pour les hommes, MAIS PAS SI JOLIE, PARCE QUE TU LES TENTES TROP OU QUE TU MENACES D’AUTRES FEMMES PARCE QUE TU ES CENSÉE FAIRE PARTIE DE LA SORORITÉ ! »
Sororité = solidarité entre femmes

Critique

Personnellement, j’ai littéralement adoré ce film ! Tout d’abord, car il véhicule les principales idées d’un thème très important : le féminisme. Ce n’est pas simplement le monde rose bonbon à paillettes auquel on pouvait s’attendre, même si les décors sont très réussis, avec un sens du détail incroyable, et nous replongent dans l’univers Barbie de notre enfance. Le message du film est vraiment très fort, même si l’on peut l’interpréter de différentes façons selon notre âge et notre expérience.

La réalisatrice alterne des scènes comiques et d’autres dont le ton est plus grave, ce qui permet au spectateur de décompresser.

Le choix des acteurs par Greta Gerwig est excellent – Margot Robbie semble taillée pour ce rôle – et les acteurs le sont aussi. On peut également saluer l’énorme travail fourni par toute l’équipe pour faire la promotion du film, par exemple Margot Robbie qui a porté des tenues inspirées de celles de la poupée, et cela pendant plusieurs semaines consécutives.

Heureusement, la polémique sur la traduction française de l’affiche du film n’a pas entaché son succès dans les pays francophones.

Le moment le plus marquant à mes yeux est sans hésitation celui du monologue, où Gloria (America Ferrera) aborde les inégalités hommes/femmes et liste les contradictions du rôle de femme dans notre société actuelle.


« C’est trop dur, c’est trop contradictoire, et personne ne te donne une médaille ou ne dit merci […] »

Ce qu’en pensent les lycéens et les professeurs…

J’ai interviewé des élèves ainsi que des professeurs afin de connaître leur avis sur le film…

« J’ai aimé le message passé, ils n’ont pas essayé de dire que la femme était la seule à souffrir à cause du patriarcat […] et j’ai aimé cet effort. Le film montre bien qu’il y a une inégalité des sexes entre le monde de Barbie, là où la femme est presque tout et le monde réel là où l’homme est presque tout. Et que leur système ne marche pas. Nous voyons bien que l’égalité mettra tout le monde sur le même piédestal, plus personne n’aura à se cacher. Pour moi, Gloria est le personnage qui incarne le mieux le féminisme avec son discours féministe au milieu du film. Elle montre bien ce que vivent les femmes et fait comprendre à quel point notre société est "stricte" : "sois intelligente/jolie/mince mais pas trop". » -- Floriane, élève de première


« C’est un film qui fait réfléchir sur les inégalités hommes-femmes dans la vie de tous les jours. Le féminisme est bien présent, mais parfois de manière implicite. Les personnages qui incarnent le mieux le féminisme sont la Barbie Bizarre et la mère de la petite fille (Gloria), surtout quand elle fait son discours. » -- Artème, élève de première


« Le film est divertissant, et les prestations des acteurs sont très intéressantes, car leurs expressions doivent rester assez figées afin d’imiter des poupées. Mais à la fin du film, j’ai ressenti une ″indigestion″ de Barbie : il y avait trop de rose. Le féminisme est présent dans le film, de façon assez simpliste mais claire. » -- Mme Liebert, professeure de Français et de Latin


« J'ai un avis très réservé sur le film. Le divertissement est plutôt réussi, mais cela ne doit pas occulter le message (car tout film, même le plus divertissant est porteur de message). Or le message est franchement problématique. Faire croire que Mattel et Barbie sont à la pointe du féminisme pose un vrai problème. Cela occulte que Barbie et Mattel contribuent à diffuser des normes qui sous des aspects émancipateurs reproduisent en fait les stéréotypes de genre et donc contribuent à la domination masculine. C'est de la part de la réalisation et de la production (et il ne faut pas oublier que Mattel participe à la production) du cynisme et il ne faut pas se laisser abuser par le discours de façade. Mais être féministe, ce n'est pas proposer des modèles issus d'une société où les dominations (de sexe, de race, de classe) ne font que croitre. Et ce n'est pas parce qu'on propose une femme présidente que l'on est féministe si à côté le stéréotype féminin n'est pas remis en cause : les femmes font des pyjamas parties, portent des talons, etc...

A partir du moment où Mattel avait un droit de regard sur le film, celui-ci ne pouvait être vraiment féministe puisqu'il ne pouvait assumer de réelle dimension critique (les petites vannes sur le PDG de Mattel à ce propos n'y changent rien, elles donnent l'illusion d'une création libre, alors que l'essentiel, le "mythe Barbie" est sauf). Si l'on veut voir un film qui questionne le féminisme, Anatomie d'une chute me parait dire bien plus, alors que jamais la question du féminisme n'est frontalement posée. » -- Mr Bouchard, professeur de Philosophie


Conclusion

Vous voulez découvrir d’autres films sur le féminisme ? Film sorti en 2015 et réalisé par Sarah Gavron, Les Suffragettes aborde le combat des militantes britanniques pour obtenir le droit de vote en 1912 et 1913, un moment important dans l’histoire du féminisme. Pour ceux/celles qui préfèrent les séries, Netflix propose Le jeu de la dame, où l’on suit une jeune femme qui parvient à s’imposer dans un milieu à l’époque uniquement masculin – les échecs – tout en se battant contre ses addictions à la drogue et à l’alcool.

Pour les passionné.e.s de lecture, Réinventer l’amour ou Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles de Mona Chollet, est parfait. Il offre une vision globale de notre monde patriarcal, tout en donnant des conseils pour s’en « détacher ». Il est très intéressant car il encourage les hommes à être féministes à leur tour.

Pour les fans de philo, ce classique vous plaira sûrement : Le deuxième sexe, de Simone de Beauvoir. Composé de deux tomes, cet essai rend compte de la place des femmes dans la société après la seconde guerre mondiale du point de vue de la philosophie.

En résumé, ce film, bien que controversé, mérite bien le qualificatif de « film de l’été », aussi bien pour ses acteurs, que pour son scénario happy end qui dézingue tous les stéréotypes.

Alors selon vous, ce film est-il juste un coup de com’, ou donne-t-il un nouvel élan au mouvement féministe ?

Bande-annonce du film Barbie.

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