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  • Sophie Ratajszczak

Peine de mort : encore ?

« Lit » du condamné à mort lors de l’exécution, certains sont plus sommaires que d’autres

Source : Courrier International


La peine de mort fait encore parler d’elle aux États-Unis… Kenneth Eugene Smith, qui attendait depuis 28 ans dans les couloirs de la mort, a été exécuté le 25 janvier 2024 avec une nouvelle méthode, jamais testée sur un être humain. Je vous propose un petit décryptage sur la peine de mort aux États-Unis : pourquoi est-elle toujours en vigueur alors que de nombreux pays l’ont abolie ? Pourquoi certaines méthodes sont-elles si barbares ?

PS : Certains détails peuvent choquer, âmes sensibles s’abstenir.

 

Une brève histoire de la peine de mort aux États-Unis…

Diagramme quantifiant les différentes ethnies des condamnés à mort

Source : Le Monde


La peine de mort a été mise en place en 1608, dans ce qui était alors les treize Colonies, dans l’État de Virginie. Le Deuxième amendement de la Constitution, légalisant le port d’armes, n’est donc qu’une suite logique à un système juridique assez arbitraire et expéditif. La culture américaine est en effet baignée de violence. Entre 1608 et 1991, le fichier Espy, qui documente toutes les condamnations à la peine capitale, a dénombré près de 15 269 personnes exécutées. Certains États ont malgré tout décidé de l’abolir, comme celui de Washington. Mais d’autres États comme le Texas, qui est d’ailleurs celui qui l’applique le plus, continuent de l’appliquer avec pour seul choix pour le condamné l’injection létale.

Graphique présentant le nombre de condamnations et d’exécutions aux États-Unis entre 1976 et 2021

Source : Libération


Les modes d’exécutions employés

Les différentes méthodes d’exécution employées en fonction des États

Source : rtbf


Plusieurs méthodes sont utilisées, la plus courante étant jusqu’à présent celle de l’injection létale. Mais d’autres méthodes peuvent également être utilisées, comme la chambre à gaz, le peloton d’exécution ou la chaise électrique. La prédominance de l’injection létale s’explique par le fait que dans de nombreux États, le condamné peut choisir la façon dont on l’exécutera. Ces méthodes sont très contestées, car elles sont parfois douloureuses et cruelles. Nous pouvons prendre l’exemple de Caryl Chessman, qui avait été exécuté par le gaz en 1960. Il avait précisé aux journalistes présents qu’il hocherait la tête s’il ressentait des douleurs, ce qu’il a fait pendant plusieurs minutes selon le Centre d’information sur la peine de mort.

 

Le cas Kenneth Eugene Smith: inhalation forcée d’azote

Photo du condamné Kenneth Eugene Smith

Source : CBS Austin


Kenneth Eugene Smith, exécuté le 25 janvier 2024 à Atmore, Alabama, est un meurtrier. Condamné en 1996 à la peine capitale pour le meurtre de Elizabeth Dorlene Sennett, commandité par son mari, il a attendu pendant près de 28 ans dans les couloirs de la mort, ces centres pénitentiaires n’accueillant que des détenus avant leur exécution.

Pour son exécution, une nouvelle méthode jamais utilisée sur l’être humain a été testée : l’inhalation forcée d’azote, qui provoque une raréfaction de l’oxygène, aboutissant à la mort. Cette méthode fait bien entendu polémique : initialement utilisée pour l’euthanasie des animaux, aucun test ni aucune étude n’avait auparavant été fait sur les potentiels effets secondaires de cette technique. Et surtout car, lorsqu’elle est utilisée sur des animaux, ceux-ci sont sédatés, comme le précise l’AVMA (Association américaine vétérinaire), mais ce n’était pas le cas de K.E. Smith.

Une réaction d’indignation qui a été mondiale : Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, a estimé que cette méthode « pourrait constituer de la torture ou d’autres traitements cruels ou dégradants au regard du droit international ». Les anesthésistes craignent également les effets de ce protocole sans sédation. Interrogé par la BBC, un professeur d’anesthésiologie à la Harvard Medical School a émis l’hypothèse que cette inhalation d’azote pourrait provoquer des nausées et donc un risque d’étouffement avec des vomissements, ainsi qu’une sensation d’étouffement.

Ces paroles semblent confirmées par l’agonie de Smith : le protocole ayant commencé à 19h57, Smith a retenu sa respiration pendant plusieurs minutes, avant de finalement respirer bruyamment et de convulser pendant environ 5 minutes et de perdre connaissance. Il est déclaré mort à 20h08. Ses derniers mots auraient été : « Ce soir, l'Alabama fait reculer l'humanité. Merci de m'avoir soutenu. Je vous aime tous ».

Le déroulement de la journée de l’exécution

Source : dailymail.co.uk


Pourquoi est-elle toujours en vigueur ?

Des activistes militent pour la fin de la peine de mort

Source : DNA


On peut se demander pourquoi cette sanction est encore appliquée, alors que le soutien que les Américains lui portent « est passé de 80% dans les années 1990 à environ 55% aujourd’hui. Il reste proche des taux historiques les plus bas malgré une légère augmentation associée à la rhétorique de la peur et de la division qui vient de Washington », selon Robert Dunham, directeur du Death Penalty Information Center. Cela est sans doute dû au fait que le Congrès est constitué de membres majoritairement conservateurs, qui sont donc opposés à son abolition. L’idée que cette peine ferait baisser les chiffres de la criminalité reste toujours fortement ancrée dans les esprits, c’est pourquoi le changement de mentalité est assez long.

Certaines personnes mettent également en avant le fait qu’une exécution est plus économique pour l’État concerné qu’une incarcération à vie. Or, c’est faux : si le condamné à perpétuité est incarcéré pendant 40 ans, près de 1 million de dollars seront dépensés, contre 3 millions pour une condamnation à mort.

Manifestation contre la peine de mort à l’initiative de Death Penalty Action

Source : RTL


Où est la moralité ?

Manifestation d’activistes contre la peine de mort

Source : Libération


Il y a de quoi se demander si cette mesure est vraiment morale, et efficace : ne serait-il pas préférable que le coupable reste à vie en prison, ce qui le ferait éventuellement réfléchir à ses actes ? Bien souvent, le condamné voit cette peine comme un soulagement, il quitte la tempête médiatique et ne pourra plus rien se reprocher… C’est une échappatoire vis-à-vis des remords potentiels qui viendraient avec plusieurs années de recul.

Mais la peine de mort est avant tout un acte profondément inhumain : aucun être ne mérite de mourir ainsi, même pour l’acte atroce qu’il a commis. Ce n’est pas une question d’« œil pour œil, dent pour dent », on ne va pas reproduire l'acte commis par le condamné sur ce dernier ! La vie humaine est précieuse, et mérite d’être préservée malgré certaines circonstances, n’en déplaise aux mauvaises langues.

Parfois, une erreur judiciaire a été commise et cette peine est donc irréversible…


Qu’en est-il en France ?

Robert Badinter prononçant son célèbre discours à l’Assemblée le 17 septembre 1981

Source : AFP


En France, de longs siècles de combat ont abouti à la loi de 1981 menée avec pugnacité par Robert Badinter, les deux seules méthodes autorisées à l’époque (la décapitation et la fusillade) sont abolies, la dernière exécution datant du 10 septembre 1977. Mais une autre tentative quant à elle méconnue avait été tentée en 1908 : la Commission du budget de la Chambre des députés ayant voté la suppression des crédits du bourreau, l’exécution devenait donc impossible. La mesure est finalement retoquée avec 247 voix contre 235. Et dès 1906, le nouveau président de la République, Armand Fallières, abolitionniste, graciait toujours les condamnés à mort.


Et dans le monde ?

Diagramme et carte présentant les chiffres en hausse des exécutions dans le monde en 2021

Source : Amnesty International


Diagramme présentant l’évolution du nombre de pays abolitionnistes et de ceux appliquant encore la peine de mort

Source : Amnesty International


La peine de mort reste malheureusement appliquée dans 53 pays et territoires de nos jours. Selon Amnesty International, 883 exécutions ont été enregistrées en 2022, un chiffre en augmentation de 53% par rapport à 2021. Plus encore que les motifs dits « classiques » (on pense notamment aux meurtres…) près de 12 pays pratiquent la peine de mort contre les membres de la communauté LGBT. Le pays qui exécute le plus est sans surprise la Chine, avec plus de 1 000 exécutions recensées en 2022. Amnesty International estime que certaines exécutions ne sont pas dévoilées, notamment avec les persécutions contre les Ouïghours.

Classement des 5 pays exécutant le plus dans le monde

Source : Amnesty International

 

Conclusion

On ne peut que dénoncer la peine de mort aux États-Unis, et dans le monde ! En plus de n’avoir aucun effet sur la criminalité, qui selon certains devrait baisser grâce à cette peine, les coupables ne peuvent pas réfléchir à la gravité de leurs actes, la mort est même dans certains cas une échappatoire.


Vous voulez plus de renseignements sur la peine de mort ? Je vous conseille le site d’Amnesty International : https://www.amnesty.fr/
Et tout particulièrement la page : https://www.amnesty.org/fr/what-we-do/death-penalty/


L’un des abolitionnistes français les plus connus est Victor Hugo, qui en 1829 a écrit anonymement Le Dernier Jour d’un condamné, je vous le conseille également ! :   https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Dernier_Jour_d%27un_condamn%C3%A9

Vous pouvez aussi retrouver le discours intégral de Robert Badinter prononcé à l’Assemblée le 17 septembre 1980 : https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/peine-de-mort-discours-robert-badiner-integral

Enfin, je vous conseille l’article de Valentine sur Robert Badinter : https://www.amalthee.info/single-post/robert-badinter-une-vie-de-combats
Le média lycéen de Beaupré et d'ailleurs

Amalthée

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