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Le génocide des Tutsi : quelle histoire ?

Le génocide des Tutsi au Rwanda a la particularité d’être le dernier génocide du XXème siècle. Il se différencie du génocide des Juifs et de celui des Arméniens par le fait qu’il est un génocide de proximité, c’est-à-dire de l’extermination de son voisin. Ce génocide consiste en une élimination ethnique.

 

Tout commence durant la colonisation allemande au XIXème siècle, puis belge après la Première Guerre mondiale. Les colonisateurs favorisent l’ethnie Tutsi, minoritaire au Rwanda, au détriment de l’ethnie Hutu majoritaire. Les Européens considèrent les Tutsi comme la « race supérieure » et leur offrent une certaine supériorité en leur donnant accès à des postes à responsabilité et à l’éducation. Ils créent ainsi un système de discrimination.

Depuis la colonisation belge, la mention ethnique figure à la première place sur l’ensemble des papiers d’identité. Pendant le génocide, être fiché « tutsi » comme le détenteur de cette carte, équivalait à une sentence de mort (source : Kigali Memorial Center, Rwanda)


Des conflits ethniques apparaissent en 1959, c’est le début de la révolution qui conduit au renversement du pouvoir tutsi par les Hutu et à la déclaration d’indépendance du Rwanda en 1962. Cette prise de pouvoir par les Hutu va inverser les rôles des tribus faisant disparaître les élites tutsi du gouvernement et provoquant l’exil de milliers de Tutsi. Les tensions étant toujours de plus en plus fortes dans le pays, causent les prémices d’une guerre civile. Des groupes Tutsi attaquent des cibles importantes dans le gouvernement Hutu afin de retrouver leurs places dans la société rwandaise, mais cela va mener à des massacres de Tutsi en représailles, des attaques ainsi qu’à une hausse du flux de réfugiés tutsi. En 1987, en Ouganda, le Front patriotique rwandais (FPR), composé de réfugiés tutsi ainsi que de Hutu, s’organise pour la récupération du pouvoir au Rwanda, afin de le partager entre les tribus qui composent le pays.

Plusieurs milliers de Tutsi fuient le Rwanda et s’installent dans des camps de réfugiés dans les pays voisins (source : L’Histoire, février 2014)


Ce groupe militaire attaque le Rwanda à l’aide de 7 000 combattants en 1990. La guerre civile commence. Le gouvernement rwandais, quant à lui, lance une campagne de propagande poussant la population hutu à se rebeller contre les Tutsi encore présents sur le sol. Malgré la guerre civile, une tentative d’instaurer la paix a lieu en août 1993, avec la signature de l’accord de paix entre le FPR et le gouvernement hutu avec l’aide de l’OUA (Organisation de l’unité africaine). Mais l’espérance d’une paix durable fut de courte durée, car des extrémistes hutu prévoyaient et préparaient en parallèle le génocide des Tutsi et des Hutu modérés.


« J’ai pris conscience du danger d’être tutsi au Rwanda dès 1990. J’avais 12 ans. Cette année-là, après avoir subi une attaque du Front patriotique rwandais depuis l’Ouganda, le régime du président Juvénal Habyarimana s’est durci. Au même moment est née Kangura, une revue extrémiste qui n’hésitait plus à désigner les Tutsis comme des traîtres à abattre. Je me souviens qu’il y avait des dessins de machettes. Nous nous savions détestés depuis longtemps mais, cette fois, les Hutu extrémistes ne s’en cachaient plus.
Nous avons donc commencé à raser les murs. Avec la création de la Coalition pour la défense de la République et de la démocratie (CDR) en 1992, les choses ont empiré. "Les serpents, vous allez retourner dans votre trou", m’a lancé un jour un garçon de mon lycée. Nous sentions que quelque chose se préparait, et en même temps nous ne voulions pas y croire. Nous nous disions que si nous ne nous faisions pas remarquer, on nous laisserait tranquilles. Le contexte est resté ainsi, extrêmement tendu, jusqu’au soir du 6 avril 1994. »
Jeanne Uwimbabazi, rescapée du génocide, source : Caminteresse.fr, 26/03/21

Une de Kangura, revue hutu extrémiste, novembre 1991. À côté de la machette, on peut lire : « Quelles armes prendrons-nous pour vaincre définitivement les inyenzi [les cafards, comme les Hutu appelaient les Tutsi] ? »


Le génocide est lancé dans la nuit du 6 au 7 avril 1994, à la suite de la mort du président rwandais Habyarimana dont l’avion a été visé par une roquette. On ne sait pas qui a commis cet attentat, soit le FPR, soit des extrémistes hutu qui voulaient renverser le président pour lancer le génocide. Quoi qu’il en soit, cet événement sert de prétexte aux génocidaires pour lancer les représailles contre les Tutsi. En 100 jours, 800 000 personnes (principalement tutsi mais aussi des Hutu qui n’adhéraient pas aux tueries) seront massacrées, pour beaucoup à la machette. Les responsables sont essentiellement les milices hutues (les Interahamwe) qui ont mobilisé et encadré les civils durant les campagnes quotidiennes de traque et d’extermination. Le génocide se termine en juillet 1994 avec la prise de contrôle du Rwanda et de sa capitale par le FPR.


DES CHIFFRES EFFROYABLES :
- Entre 800 000 et 1 million de victimes
- La majorité des victimes ont été assassinée dans les 3 premières semaines du massacre
- Les ¾ de la population tutsi exterminés
- 800 000 personnes ont participé aux tueries, dont au moins 5000 enfants
- 60% des victimes ont été assassinées par des proches
- 200 000 viols ont été perpétrés. 67% des femmes violées ont été intentionnellement contaminées par le VIH

La guerre au Rwanda a engendré des conséquences humanitaires profondes, illustrées par la perte massive de vies, notamment avec l'estimation de près de 800 000 personnes, principalement de l'ethnie tutsi, tuées lors du génocide. Les traumatismes psychologiques persistants chez les survivants sont palpables à travers des témoignages poignants, tels que ceux des rescapés qui ont vécu des expériences traumatisantes pendant le conflit, laissant des séquelles psychologiques durables. Le déplacement massif de la population et des réfugiés a créé une crise humanitaire avec des millions de Rwandais fuyant leur pays, cherchant refuge dans des pays voisins, provoquant une instabilité régionale. L'effondrement des institutions politiques a été amplifié par l'implication de certains responsables gouvernementaux dans le génocide, montrant comment des structures clés ont été détournées à des fins destructrices. La reconstruction politique et institutionnelle complexe est illustrée par les efforts post-conflit visant à rétablir un gouvernement représentatif et à renforcer les institutions démocratiques, mettant en évidence les défis considérables auxquels le Rwanda a dû faire face. La faible intervention de la communauté internationale pendant le génocide est mise en évidence par le manque de réponse rapide malgré les signes alarmants, soulignant les conséquences dévastatrices de l'inaction à l'échelle mondiale.


Les influences durables sur la diplomatie régionale et mondiale se manifestent par les changements dans les relations bilatérales, les pressions politiques et les répercussions sur la participation du Rwanda dans les organisations internationales. La destruction des infrastructures économiques, telle que la détérioration des routes et des industries, a eu un impact direct sur l'économie, entraînant des difficultés économiques prolongées pour la population rwandaise.

Une femme témoigne devant la juridiction gacaca de Kamembe, en février 2004 : les juges, les témoins, les accusés sont des voisins… (source : L’Histoire, février 2014)


Les tribunaux internationaux, comme le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), ont été créés pour juger les responsables du génocide, symbolisant les efforts mondiaux visant à instaurer la justice et à condamner les crimes contre l'humanité. Les initiatives de réconciliation nationale, telles que les gacacas (des tribunaux communautaires villageois), ont été mises en œuvre pour favoriser le pardon et la cohésion sociale au niveau local, représentant des pas significatifs vers la guérison des divisions ethniques. Ces événements ont laissé des enseignements historiques inestimables, soulignant l'importance cruciale de la prévention des génocides et des conflits, et ont influencé les études historiques en mettant en lumière les conséquences profondes des violations des droits de l'homme à l'échelle mondiale.

Le média lycéen de Beaupré et d'ailleurs

Amalthée

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