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  • Angéline Tranchez

L'aquaponie, l'agriculture de demain ?


Depuis plusieurs dizaines d’années déjà, la population humaine a fortement augmenté, ce qui a accru le besoin de production de ressources. Pour cela, nous avons troqué nos méthodes de culture traditionnelle contre une agriculture intensive et productiviste qui utilise beaucoup d’intrants chimiques. Mais cela représente un danger pour notre planète. En effet, l’abus de produits chimiques provoque l’appauvrissement et la contamination des sols ce qui a un impact considérable sur les écosystèmes. Depuis peu, nous prenons conscience de notre impact sur l’environnement et cherchons d’autres méthodes de production alimentaire.

 

Nous avons tous déjà entendu parler de l’agriculture biologique qui consiste à ne pas utiliser de produits chimiques et qui respecte le bien-être animal. Nous vivons dans une époque où l’on cherche à produire suffisamment pour nourrir toute la population tout en protégeant la planète du réchauffement climatique et de la pollution. Alors oui, nous entendons beaucoup parler de Bio, Mais qui a déjà entendu parler de l’aquaponie ?

Un exemple d’installation aquaponique (source : Miimosa.com)


L’aquaponie, c’est quoi ?

C’est une méthode de culture qui allie l’hydroponie, donc la culture de plantes dans l’eau, et la pisciculture, l’élevage de poissons. Et non, il ne s’agit pas d’un sport aquatique pour les poneys !


Comment ça fonctionne ?

Il faut tout simplement prendre un bassin dans lequel on élève des poissons. Les poissons vont être nourris et ensuite produire des excréments. Ces excréments vont être transformés par des bactéries en ammonium NH4 puis en nitrites NO2 et enfin en nitrate. Dans un deuxième bassin, que l'on va remplir de billes d'argile sur au moins 30 centimètres, on va « planter » les plantes dans les billes d'argile de façon à ce qu'elles tiennent debout et que seules les racines soient immergées. En effet, seules les racines doivent être en contact avec l'eau puisque c'est par là qu'elles absorbent l'eau et les nutriments. Les bactéries ont un rôle clé dans le système car, dans un bassin ou un aquarium classique, on utilise un système de nettoyage utilisant un filtre à mousse, à gravier ou encore à sable qu'il faut nettoyer régulièrement. Or, dans un système aquaponique, le filtre c’est les plantes ! En effet, les bactéries vont utiliser l’oxygène de l’eau pour effectuer la transformation des excréments en éléments disponibles et vitaux pour les plantes. Celles-ci vont ainsi nettoyer l’eau et grandir pour produire de beaux légumes. Les billes d'argile vont non seulement servir à maintenir les plantes debout, mais aussi à abriter les bactéries, afin que celles-ci puissent vivre, se reproduire et transformer les nutriments. On peut aussi utiliser des petites roches volcaniques, de la pouzzolane, du gravier léger mais le plus efficace, ce sont les billes d’argile.

Pour faire circuler l'eau et la nettoyer, on utilise une pompe, qui va amener l'eau du bac des poissons jusqu'à celui des plantes. Puis avec une autre pompe, on va à nouveau faire circuler l'eau du bassin des plantes dans celui des poissons. Ainsi l'eau qui arrive vers les poissons est propre car les plantes l'ont nettoyée en se nourrissant. On parle donc de cycle aquaponique.

Bon maintenant, on va passer à l'aspect le moins joyeux du système... En effet, ce système nous permet de produire des légumes, mais le but est aussi de produire des protéines avec les poissons comme la truite. Il faudra donc attraper certains poissons avec une épuisette afin de les tuer et ainsi pouvoir les manger.

Mais ne vous en faites pas ! Il est possible d'utiliser des poissons de décoration qui ne sont pas comestibles comme les poissons rouges, les carpes koï et bien d'autres ! Ainsi, pas besoin de les tuer ! Faites leur un joli bassin et profitez juste de leur présence ;-).

On peut aussi pratiquer l’aquaponie dans une serre afin de prolonger les saisons et ainsi avoir des légumes toute l’année. Mais attention à la température de l’eau ! Si elle monte trop, les racines vont griller et les poissons vont mourir.

Cycle de l’aquaponie (source : Eau-agriculture.com)

Aquaponie en serre (source : Epl.raismes.educagri.fr)


Quels sont les avantages ?

Les avantages sont nombreux : on fait des économies sur le long terme en légumes et en poissons, on économise les arrosages des plantes et l’entretien ne demande que dix minutes de vérification par jour durant lesquels on nourrit les poissons et on vérifie les points sensibles (il pourrait y avoir des fuites par exemple). Et vous aurez ainsi des produits de qualité dont vous connaitrez l’origine. En effet, la seule chose qui entrera dans le système sera la nourriture que vous donnerez aux poissons. Autre point positif, on apprend beaucoup de choses en faisant cela car on doit se renseigner sur les plantes qui conviennent à ce système. Je sais par expérience que les légumes racines (les carottes, les navets, les radis…) ne peuvent pas être en contact permanent avec l’eau car cela les fait pourrir. Pour les légumes bulbes (oignons, échalotes, poireaux…), il peut arriver la même chose. Il faut donc éviter de les mettre en contact direct avec l’eau. En revanche, cela fonctionne très bien avec les plants de tomates, de concombres, les salades, le basilic…

Il faut aussi se renseigner sur les besoins divers des poissons, comme la température de l’eau, la taille du bac, la dose de lumière… La culture la plus simple de poissons consommables est la truite. Elle n’a pas besoin d’une grande quantité de lumière. En revanche, elle apprécie l’eau fortement oxygénée et fraiche entre 13 et 15 degrés pour une croissance optimale. Les truites sont plutôt carnivores (vers de terre, reste de viande crue…), mais peuvent aussi manger des lentilles d’eau de temps en temps.

Plus important encore : en produisant chez vous, vous évitez de polluer en faisant venir vos légumes de loin et vous protégez les cours d’eau naturels ! En effet, la plupart des pisciculteurs rejettent les eaux usées des poissons dans la nature. On pourrait se dire que ce n’est pas très grave car il ne s’agit que d’excréments de poissons. Mais au contraire, même si ces déjections sont naturelles, les rejets contiennent aussi des restes de nourriture et de médicaments. C’est ainsi qu'elles polluent énormément les cours d’eau dans lesquels elles sont jetées. Le taux de nitrate est si important qu’il asphyxie les poissons et les médicaments nuisent à la santé des espèces sauvages.

En aquaponie, tout cela est évité car on nettoie l’eau que les poissons ont salie et on peut ainsi la réutiliser et ne pas salir une eau propre ; de plus on ne consomme pas de poissons issus d’élevage irresponsable.

Mieux encore, on peut pratiquer l’aquaponie dans des endroits où la terre n’est pas fertile ou encore là où il n’y a pas du tout de terre, comme dans un bâtiment ! Et oui, s’il y a une aération, des fenêtres ou un éclairage adapté, cela peut se faire n’importe où ! Même avec un aquarium de poissons rouges dans une chambre ! Il suffit d’avoir ce qu’il faut, l’envie de se lancer, un peu de jugeote et de l’huile de coude !


Y a-t-il des inconvénients ?

Malheureusement, pour pouvoir installer un système aquaponique, il faut prévoir un budget de départ. En effet, pour pouvoir mettre tout ça en place, il faut commencer par avoir le matériel nécessaire : billes d’argile, de l’eau bien sûr, mais aussi une cuve assez grande pour accueillir les poissons puis au moins deux autres pour accueillir les billes d’argiles, les plantes, etc.

Lorsqu’on pèse le pour et le contre, on s’aperçoit que l’aquaponie offre beaucoup plus d’avantages que d’inconvénients. Après cet article, j’espère que certains d’entre vous se lanceront dans l’élaboration de leur propre système. Par expérience, je peux vous dire qu’il est agréable de consommer le fruit de notre travail. Mais il est surtout gratifiant de contribuer à la réduction de la pollution. Pour ma part je pense que cette méthode pourrait représenter une alternative aux agricultures que nous connaissons, apportant fibres et protéines aux consommateurs. Même si cette agriculture aquatique est très peu connue, elle est tout de même déjà implantée dans plusieurs fermes en France qui lui sont dédiées. Je suis persuadée qu’une fois connue, elle pourra être améliorée afin de produire suffisamment pour un grand nombre de personnes et ainsi faire progresser la lutte contre la pollution et la faim dans le monde.

Exemple de serre aquaponique (source : Lepaysgessien.fr)


Alors l’aquaponie, c’est mieux qu’un sport de poney aquatique, non ? ;-)

Le média lycéen de Beaupré et d'ailleurs

Amalthée

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