La parité politique est-elle inatteignable ?
- Sarah Bernard, Nolan Lefebvre & Raphaël Cornet
- 21 mars
- 3 min de lecture

On sait que depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les citoyens, que ce soit des hommes ou des femmes, ont le pouvoir de voter et de participer aux différentes échéances électorales. Néanmoins, dans les institutions politiques, chambres parlementaires, gouvernements, et plus globalement dans les postes de pouvoirs, il subsiste une majorité d’hommes détenant ses privilèges. Qu’en dit la loi ?
Un début difficile
En 1982, le Conseil constitutionnel censure une loi qui prévoyait un quota de 25% de femmes dans les listes des élections municipales estimant que le principe d’égalité devant la loi "s’oppose à toute division par catégories des électeurs et des éligibles". Cela signifie que la parité forcée par la loi ne peut pas être faite aisément (à l’aide d’une loi normale) étant donné que le Conseil constitutionnel a d’ores et déjà statué que cela contrevient à la constitution car cela créerait des « catégories » entre les différents candidats aux postes politiques.
Près de vingt ans plus tard
La loi constitutionnelle du 8 juillet 1999 complète l’article 3 de la Constitution en posant que "la loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives" : un grand pas en faveur de la parité des instances politiques nationales françaises.
En 2000, la plus grande loi sur la parité est promulguée par le président de la République, à l’époque Jacques Chirac. Elle prévoit que dans tous les scrutins à liste, il y ait une parité obligatoire (sous peine d’une amende). Il faut même obligatoirement que l’ordre de la liste alterne entre des hommes et des femmes.
Cette loi n’est pas tout à fait suffisante, elle ne prend pas en compte les scrutins qui ne sont pas à liste, ce qui fait qu’à l’Assemblée nationale, au Sénat ou même à la présidence, il n’y a pas de parité, il n’y a même jamais eu de femme présidente.
Une persévérance qui se poursuit de nos jours
Après élections législatives de 2017, l’Assemblée nationale comprenait 38,7% de députées (224 sur 577), pour 26,9%(155 sur 577) en 2012. En octobre 2017 suite aux élections sénatoriales, le sénat était composé de 31,6% de sénatrices (110 sur 348), contre 25% en 2014 (87 sur 348) et 22,1% en 2011 (77 sur 348)
Les limites de la loi : D'où vient le problème ?
Malgré les efforts de la loi pour atteindre la parité politique, le nombre d’élues semble stagner à environ 40 %.

La parité est notamment entravée par la volonté des partis politiques de ne pas ajouter de femmes. Ils préfèrent généralement payer les amendes plutôt que de faire des listes paritaires. Ou alors avoir un très faible nombre de femmes mais qu’elles aient des positions très importantes qui masquent cette forte inégalité. On peut penser à Anne Hidalgo à Paris ou Martine Aubry à Lille alors que 80% des maires sont des hommes en France.
Le problème viendrait-il des électeurs?

Le problème qui empêche une parité parfaite dans les profils des élus, c’est peut-être les électeurs eux-mêmes. On pourrait penser que c’est le cas car depuis 20 ans, le nombre de femmes candidates à la députation augmente mais le nombre de femmes élues, quant à lui, croît seulement depuis quelques années.
Mais cette théorie a du plomb dans l’aile car même dans les positions de pouvoir nominatives, comme le Premier ministre, il y a une très grande majorité d’hommes : depuis le début de la Ve république, en 1958, il y a seulement eu 2 femmes à ce poste : Edith Cresson et Elisabeth Borne qui sont restées en poste moins de 2 ans chacune.
Ainsi, malgré des premiers pas difficiles, puis de grandes avancées, l’objectif que représente la parité en politique ne semble pas être atteignable avant plusieurs décennies notamment à cause de la volonté des partis, des préjugés des électeurs et des stéréotypes de genre qui se perpétuent.