#Lundi14Septembre : le mouvement féministe contre le sexisme
En septembre dernier, alors que l’été se faisait encore sentir, plusieurs lycéennes se sont vu refuser le droit d’entrer dans leur établissement scolaire. La cause ? Leur tenue vestimentaire – crop top, jupe ou encore short – jugée provocante. Les témoignages se sont alors enchaînés sur les réseaux, comme par exemple Twitter.
En réaction à ces incidents, des lycéennes ont lancé le mouvement « lundi 14 septembre » sur Tik Tok. Mouvement qui s’est vite étendu aux autres réseaux sociaux. Avec les hashtags #lundi14septembre ou #libérationdu14, elles ont invité les élèves à porter des tenues jugées « indécentes » ou « provocantes » par la direction de leur lycée ; ou encore des vêtements interdits dans certains établissements, comme les jeans troués.Un moyen de revendiquer le droit de s’habiller comme elles le souhaitent, et de protester contre les interdictions mises en place dans les établissements scolaires. Dans notre lycée, de nombreux élèves ont alors décidé de suivre le mouvement.
Mettre en lumière un vrai problème
Le mouvement a pour but de montrer que les tenues des jeunes filles ou des femmes ne sont pas le problème. Il dépasse alors largement le cadre scolaire et met en lumière une vraie tare de notre société. Les filles sont conditionnées à prêter une attention toute particulière à leur tenue vestimentaire, à s’assurer qu’elle ne soit pas trop « suggestive », de peur d’être harcelées ou agressées. Encore plus lorsque l’on sait que d’après un sondage de l’IFOP, 20% des français estiment qu’un viol est justifié si les tétons se devinent. Le corps féminin est ainsi sexualisé et réduit à un objet de désir masculin. Serait-il donc normal d’entendre que la vue d’une bretelle de soutien-gorge ou d’épaules dénudées pourrait déconcentrer les garçons en cours ? Certainement pas, et pourtant ces remarques sont considérées comme « normales » par une grande partie de la société. Elles ont donc pour conséquences de culpabiliser les femmes, mais aussi d’alimenter la culture du viol en stipulant, entre autres, que les femmes devraient s’habiller décemment, au risque que les hommes, ne sachant pas se contenir, cèdent à leurs pulsions.
Une tenue ne justifie en aucun cas une agression, et la provocation n’existe que dans le regard de l’autre. On ne devrait pas dire aux filles de se protéger, mais on devrait plutôt éduquer les garçons. Dans cette optique, on pourrait imaginer organiser des discussions dans les établissements scolaires afin de sensibiliser les jeunes. Il faudrait en plus appliquer un réel principe d’égalité concernant les tenues : si les shorts et débardeurs sont autorisés pour les garçons, il n’y a pas de raison qu’ils ne le soient pas pour les filles par exemple. Il est cependant déjà arrivé que des garçons ne puissent pas entrer dans leur établissement à cause de leur tenue.
Le port de l’uniforme pourrait également être une solution, comme en Angleterre - où il est porté par 98% des élèves du secondaire ‒ ou en Australie. Cependant, une jupe serait très certainement attribuée aux filles. De plus, cela mènerait à une négation de la personnalité de chacun.
Enfin, à travers les décennies, la tenue vestimentaire a constitué une manière de s’émanciper pour les femmes. Du pantalon en passant par la mini-jupe, ces tenues leur ont permis de s’affirmer au sein de la société, tout en leur procurant une certaine liberté. Il est aujourd’hui évident que les controverses liées aux vêtements féminins n’en finissent pas, perdurant encore et toujours.
Un mouvement remarqué
Le mouvement du 14 septembre a suscité de nombreuses réactions.
Celle de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, a sans conteste fait polémique. Ce dernier a d’abord spécifié sur BFM TV le 15 septembre que les élèves devaient arriver en cours dans une « tenue normale » ‒ sans pour autant qualifier cette normalité. Puis au micro de RTL le 21 septembre, il a précisé que les shorts étaient réservés à la pratique du sport et a également évoqué une « tenue républicaine », ce qui a beaucoup amusé sur les réseaux sociaux. En effet, nombreux sont ceux qui se sont mis à imaginer cette fameuse tenue, sachant que Marianne, figure symbolique de notre République, est souvent représentée avec un sein nu. Ironique, non ?
La Liberté guidant le peuple, huile sur toile d'Eugène Delacroix, 1830
Emmanuel Macron a quant à lui appelé « au bon sens ». Il paraît évident qu’il y a tout de même des limites à avoir concernant la manière dont on s’habille pour aller au lycée, et qui peut dépendre de l’éducation inculquée par les parents, ou encore de l’origine sociale.
Mais le mouvement a quand même trouvé ses adeptes, jusqu’au sein du gouvernement. En effet, Marlène Schiappa, ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, a affiché son soutien sur Twitter, en soulignant l’importance du mouvement.
La chanteuse Angèle a de son côté partagé en story Instagram l’initiative. Enfin, l’Union Nationale Lycéenne, premier syndicat lycéen français, et le collectif féministe #NousToutes ont également exprimé leur soutien.
Ce mouvement montre une fois de plus que les adolescent.es se révèlent engagés. Il leur tient à cœur de lutter contre les problèmes actuels, tels que le sexisme ou encore le réchauffement climatique. On peut notamment citer le mouvement « Fridays for future » lancé par Greta Thunberg et suivi par des milliers d’entre eux.
Pour prolonger cet article, nous aimerions vous demander votre avis. Pour ce faire, nous avons généré un sondage en ligne que nous vous invitons à remplir. Avec vos réponses, nous aurons une idée plus précise de ce que pensent les lycéens et lycéennes de leurs tenues. Nous ne manquerons pas de vous annoncer les résultats. Cliquez sur ce lien pour accéder au sondage.