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  • Emma Bekaert et Louis Colliot

Le calvaire des Rohingyas


Un camp de réfugiés rohingyas au Bangladesh

En Birmanie, la plupart des habitants sont bouddhistes. Cependant, les Rohingyas musulmans subissent des atrocités par une partie du peuple birman. Alors comment un pays avec une philosophie qui prône la paix en vient-il à massacrer une partie de sa population ?

 

La Birmanie est un pays d'Asie du Sud, avec pour capitale Rangoon, dont les habitants sont extrêmement pauvres. Ce pays a connu plusieurs régimes politiques et a été aussi une colonie britannique. Les Birmans sont à 90 % bouddhistes. Mais pour ce qui est du reste de la population, elle se constitue essentiellement de musulmans. La religion musulmane y est apparue au XIXe siècle, au début de la colonisation anglaise.

Des apatrides

Les Rohingyas ̶ le terme veut dire en réalité « habitant de l’Arakan » ̶ sont des Birmans musulmans qui subissent une constante discrimination depuis 1962. Cette date correspond à l'arrivée au pouvoir des juntes militaires, après l’indépendance du pays en 1948. En Birmanie, il existe plusieurs communautés musulmanes : les Indiens, les Indo-Birmans, les Persans, les Arabes, les Panthays et les Rohingyas. Mais c'est la communauté des Rohingyas qui connaît la plus forte discrimination, car la majorité de la population associe cette communauté aux Britanniques qui ont gouverné le pays. En effet, les Rohingyas seraient arrivés avec la colonisation britannique. En réalité, les Birmans n’ont pas digéré le fait que lors des guerres d'indépendance, les Rohingyas ont pris le parti des Anglais.

Depuis, des lois ont été faites et elles stipulent que toute personne ne pouvant pas prouver sa présence sur le territoire avant 1823 n’aura pas la nationalité birmane. Une liste de 135 ethnies a été établie afin de les définir comme présentes avant 1823. Les Rohingyas en sont exclus et sont donc des apatrides. Ils ne peuvent ni se marier, ni voyager et n'ont pas accès aux services publics. En 2012, la situation a dégénéré. De violentes émeutes entre les Birmans et les musulmans ont éclaté faisant environ 200 victimes. Depuis ces émeutes, leurs relations n'ont fait que se dégrader et les Rohingyas fuient le pays. Ils seraient près d'un million de réfugiés actuellement au Bangladesh voisin.

Un camp de réfugiés rohingyas au Bangladesh

Un camp de réfugiés rohingyas au Bangladesh

Génocide ?

Les Rohingyas vivent dans un pays qu’ils considèrent comme le leur. Des conflits actuels existent sur la base d’anciens conflits. Or, les personnes qui, aujourd’hui, font subir aux Rohingyas ces atrocités n’étaient pas nées lors de la colonisation britannique. Alors les actions de ces personnes sont-elles dues à une simple habitude de persécution ou à une véritable haine ancrée dans la communauté birmane ?

Dans un article du Temps publié le 5 janvier 2017, une femme rohingya raconte que les soldats birmans sont venus tôt le matin dans son village et ont brûlé sa maison. Puis l'ont violée et ensuite ont tué ses deux enfants d'une balle dans la tête. Une autre femme raconte que son mari et son jeune fils ont péri dans l'incendie déclenché par les soldats, puis qu'elle a été violée par 5 ou 6 soldats. Une jeune femme, encore, explique que sa famille a été massacrée par des soldats. Ils l'ont ensuite emmenée ainsi que son fils dans une rizière. Ils ont jeté son fils par terre pendant qu'elle se faisait violer. Les soldats birmans ne se contentent pas de massacrer les Rohingyas, ils les humilient. Avec ces différents procédés, ils déshumanisent les Rohingyas. Pour ce qui est du reste du peuple birman, une bonne partie agit, elle aussi, de façon très hostile envers les Rohingyas. On peut donc dire que ces crimes représentent un génocide car, par définition, sont qualifiés de génocide les atteintes volontaires à la vie, à l'intégrité physique ou psychique, la soumission à des conditions d'existence mettant en péril la vie du groupe national, ethnique ou religieux, visant à éliminer partiellement ou totalement de ce groupe.

Fausse démocratie

A partir de 1962, la dictature militaire prend le pouvoir. Cette période prend fin en 2011, année qui marque le début de l'ouverture démocratique suite à la libération de Aung San Suu Kyi, figure de l'opposition aux militaires et prix Nobel de la paix. Pour la Birmanie, c’est une avancée historique qui aurait pu changer la condition des Rohingyas. D'autant qu'en 2016, un président est pour la première fois élu démocratiquement, Htin Kyaw, un fervent partisan d'Aung San Suu Kyi. Cette dernière devient ministre mais concentre un plus grand pouvoir.

Aung San Suu Kyi en 2013

Aung San Suu Kyi en 2013

Cependant, son gouvernement reste très fébrile de par sa nouveauté. C’est sûrement une des raisons pour laquelle Aung San Suu Kyi ne prend pas parti dans la crise des Rohingyas. Lors de sa seule prise de parole, elle s’est contentée de dire que nous n’avions pas toutes les informations et a loué les actions des forces de l’ordre. Mais une autre raison de ce silence pourrait être que la Junte Militaire continue d’avoir du pouvoir dans cette « démocratie ».

Un paradoxe éthique

Cela n'est pas cohérent avec les principes bouddhistes. En effet, cette philosophie est souvent associée à la paix. Par exemple, le bouddhisme considère qu'un des trois poisons conduisant à la souffrance est le Dvesa, c'est à dire la colère et la haine. Or, avec les épisodes de violence et d'humiliation que subissent les Rohingyas, nous pouvons dire que les Birmans font preuve d'aversion envers eux. De plus, beaucoup des préceptes bouddhistes qui se retrouvent dans plusieurs textes comme le Kûtadana Sutta ou le Digha Nikaya, ne sont pas respectés par les Birmans. Celui de s'efforcer de ne pas nuire aux autres, de s'efforcer de ne pas avoir une conduite sexuelle incorrecte ainsi que de s'efforcer de ne pas user d'animosité, entre autres.

Il existe un paradoxe entre la philosophie que prônent la majorité de la population birmane et les actes barbares qu'ils commettent. Aujourd’hui, la situation a pris un tournant différent. La communauté internationale semble se mobiliser. Et plusieurs stars françaises, dont Omar Sy, ont récolté des fonds afin d’aider le peuple des Rohingyas. Mais cela suffira-t-il ?

Le média lycéen de Beaupré et d'ailleurs

Amalthée

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